Bechir Ben Rouina
Kamel Gargouri
Fathi Ben Amar
Chercheurs, Institut de l’Olivier
1. Classification botanique
L’olivier cultivé, Olea europaea Linné. appartient à la famille des Oleaceae qui réunit environ 600 espèces groupés en 26 genres répartis sur tous les continents (Besnard et Bervillé, 2003). La plupart de ces espèces n’ont aucun intérêt cultural à l’exception d’O. europaea, cultivée pour ses produits (olives et huile) et certaines espèces des genres Jasminum, Forsythia, Syringa et Lingustrum considérées comme plantes d’ornement. L’olivier appartient à l’ordre des Lamiales ou aussi des Scrophulariales. D’autres le classent au sein des Gentianales (Jensen et al. 2002), anciennement dénommé celui des Lingustrales.
L’espèce Olea a longtemps été subdivisée en deux sous-espèces, Olea europaea var. europaea pour l’olivier domestique cultivée (Europe et Turquie) et Olea europaea var. sylvestris pour l’oléastre ou l’olivier sauvage. Cette subdivision est devenue obsolète car divers travaux ont montré l’absence de frontière entre les populations sauvages et les populations cultivées, aussi bien sur le plan génotypique que phénotypique (Breton, 2006).
2. Origine et histoire de l’extension de la culture de l’olivier
Originaire de la Méditerranée orientale, son aire d’extension naturelle s’étale du sud du Caucase aux hauts plateaux de l’Iran et à la côte méditerranéenne de la Syrie et de la Palestine. Néanmoins, des fossiles de feuilles d’olivier ont été trouvés dans les gisements du pliocène de Mongardino en Italie, des restes fossilisés dans les formations du paléolithique supérieur en Afrique du Nord, des fragments d’oléastre et de noyaux dans les excavations de l’énéolithique et de l’âge de bronze en Espagne (COI, 1998).
La culture de l’olivier n’a été connue que plus tard vers le XVIe siècle avant J.C. en Asie mineure (Syrie, Palestine et Anatolie) et on parle d’un premier centre de diversité de l’olivier. A partir de cette date lointaine, les Phéniciens diffusèrent l’olivier dans les îles grecques, puis dans la péninsule hellénique et on parle d’un second centre de diversité (COI, 1998). Selon Damania (1995), ce centre a été créé dans la première période du troisième millénaire avant J.C. A partir du VIe siècle avant JC., l’oléiculture s’est étendue à tout le bassin méditerranéen en passant par la Tripolitaine, l’Ifriqiya (actuelle Tunisie), la Sicile et l’Italie Méridionale (COI, 1998). Plus tard, un troisième centre a pris place dans la région qui regroupe une partie du sud de l’Italie et de l’Afrique du nord et en particulier la Tunisie (Carthage).
Les Phéniciens introduisèrent la culture de l’olivier en Espagne durant leur domination maritime (1050 avant J.C) et les Romains l’étendirent vers les autres pays cotiers de la Méditerranée à partir du premier siècle avant J.C.
En dehors de son apport alimentaire, les utilisations de l’huile d’olive sont nombreuses (COI, 1997). En effet, la lampe à huile fut le seul moyen d’éclairage des maisons et des temples pour plus de 5000 ans. D’autre part, l’huile servait pour l’onction de certaines maladies. L’olivier prêtait ses branches pour le couronnement des vainqueurs lors des compétitions sportives et ses grosses charpentes pour la fabrication d’un excellent charbon.
En Tunisie, le maximum de l’extension de la culture de l’olivier s’est effectué durant la période romaine où le rameau de l’olivier fut symbole de la paix et facteur de sédentarisation. Les Romains employèrent le greffage pour rendre les oléastres productifs et développèrent surtout la transplantation. Après la conquête musulmane au 7ème siècle, le géographe El-Yaaquoubi rapporte que l’olivier règne dans la région sfaxienne et El-Bekri révèle qu’à Kairouan, on coupe les oliviers pour s’en servir comme bois de chauffage. L’invasion hilalienne au 11ème siècle a porté un coup fatal à la culture de l’olivier. Durant l’époque Turque et la colonisation française, un effort de replantation de l’olivier a été déployée surtout dans le Sahel tunisien puisque les hautes plaines furent vouées aux céréales et les régions occidentales aux plantations de la vigne (COI, 1997).
L’olivier, une histoire millénaire